Ressort : (D'après les assises : ) Ceyzérieu, Vongnes, Yon et Artemare, Sutrieu, Le Petit-Abergement, Le Grand-Abergement, Virieu-le-Grand, Lompnieu, Ruffieu, Chemillieu (de Passin), Hotonnes, Brénaz, Passin, Ossy, Poisieu, Virieu-le-Petit, Songieu, Saint-Martin et Massignieu, Charancin, Vieu, Chongnes, Lilignod, Vaux-Moret, Champagne, Fitignieu, Luthézieu
Titre : Marquisat
Lieu d'exercice : Virieu-le-Grand
Seigneurs : -1673- : Henri de Lévy, marquis de Châteaumorand et Valromey, comte de Châteauneuf, baron de Virieux-le-Grand et Sevre, premier baron de Bourbonnais
-1680-1684- : Marguerite d'Austreins de Graveins (de Graudeins?), veuve d'Henri de Lévy, marquis de Châteaumorand et Valromey, tutrice de leurs enfants
-1684- : Marguerite de Bullioud, veuve de Louis d'Austrein, seigneur de Graveins, conseiller au parlement de Dombes, aïeule et tutrice des cinq enfants mineurs de Marguerite d'Austrein veuve Lévy
-1704-1740- : Philippe-François-Eléazard de Lévy, marquis de Châteaumorand et Valromey, fils d'Henri de Lévy et de Marguerite d'Austrein
-1716- : Marie de Lévy, dame du marquisat de Valromey et de la baronnie de Virieu-Le-Grand
-1749- : François-Charles, comte de Lévy, marquis de Châteaumorand, Valromey, lieutenant général des armées du Roi et de la province de Bourbonnais
-1758- : Le marquis de Mirepoix et de Lerand, mari et maître des cas dottaux de Catherine-Agnès de Lévy, dame du marquisat de Valromey
-1769-1785- : Louis-Claude de Clermont de Montoison, brigadier des armées du Roi, baron de Chagny, Chassagne et autres lieux, marquis du Valromey
De Virieu-le-Grand et Châteauneuf au marquisat de Valromey
Vers 1125, le Valromey entra par mariage dans la maison de Beaujeu ; puis il fut aliéné, en 1285, à Louis de Savoie, baron de Vaud, qui créa pour cette terre une juridiction particulière (1). Le Valromey fit retour, en 1359, aux comtes de Savoie qui l'avaient acquis de la petite fille de Louis de Savoie, pour le rattacher à leur bailliage de Bugey et Novalèse et le diviser en plusieurs châtellenies. L'ancienne châtellenie de Virieu-Le-Grand fut inféodée en 1500 "à René de Savoie, comte de Villars, puis elle lui fut confisquée par le duc Charles pour être remise à Claudine de Brosse dite de Bretagne, veuve de Philippe de Savoie pour son doüaire avec les seigneuries d'Annecy, Poncin, Cerdon, Rossillon, Saint-Rambert, Saint-Germain d' Ambérieu, Lagnieu, Saint-Sorlin, et Loyettes, et après son décès, Virieu fut donné en dot à Philiberte de Savoie, femme de Julien de Médicis, duc de Nemours, marquis de Suriana, avec quelques autres terres de Bresse, et de Savoie. A la mort de Philiberte, Virieu fit retour au duc Charles qui l'engagea à Bertholin de Montbel puis l'inféoda, en 1532, à René de Chalant , maréchal et gouverneur de Sauoie avec clause de rachat perpétuel". C'est en vertu de cette clause que le duc Emmanuel-Philibert retira Virieu, le 6 juillet 1580, d'Isabelle de Chalant, fille et héritière de René, en échange de Rosillon. Enfin, deux ans après, le duc de Savoie remit Virieu à Renée de Savoie, marquise de Bâgé, en lui adjoignant Châteauneuf, en échange du comté de Rivoles en Piémont (2).
Quant à la terre de Châteauneuf, elle resta châtellenie jusqu'en 1582, date de son union avec la seigneurie de Virieu-le-Grand, pour former un comté, sous le titre de Châteauneuf, le 24 avril 1584, érigé en faveur de Renée de Savoie qui laissa cette terre à Jacques d'Urfé, son second fils, qui, à son tour, la remit en 1599 à son frère, le célèbre Honoré d'Urfé. C'est en sa faveur que cet ensemble fut enfin érigé en marquisat, par le roi de France, sous le titre de Valromey, en février 1612. "C'est lui qui a le premier porté la qualité de marquis de Valromey, il décéda en Piemont en l' an 1621. Ou il commandait comme lieutenant, la compagnie de Gendarmes des Ordonnances de France, du Prince de Piemont, après son décés Diane de Châteaumorand sa Veuve posséda ce Marquisat pour les conventions matrimoniales sur la quelle il fut subhasté à la requête du Sieur Zamet créancier d'Honoré d'Vrfé, et achepté par Jean-Claude de Levis marquis de Châteaumorand, il est le 3e marquis de Valromey" (3). "C'est au château de Virieu ou Honoré d'Vrfé Marquis de Valromey faisait son séjour ordinaire, et ou il a composé ce beau roman d' Astrée"(4).
Pour la suite des propriétaires du marquisat, on se reportera à la liste des seigneurs ci-dessus.
La justice du marquisat de Valromey
Les pouvoirs de juridiction dont jouissaient les marquis de Valromey, furent donnés avec plus ou moins de précision, par les différents actes d'échange ou d'érection donnés par les princes de Savoie :
Dans l'échange entre Charles-Emmanuel de Savoie et Renée de Savoie, des terres de Riuoles et Châteauneuf en 1582, le duc se réserva "tous droits de souveraineté, direct, domaine, fidélité lige, et dernier ressort, à son Sénat de Sauoye seulement" (5).
Dans l'érection de Virieu-le-Grand et Châteauneuf en comté sous le titre de Châteauneuf (1582), il était précisé :
"Et pour le regard de la juridiction, et dépendances d' icelles, et qu 'ils avaient et, tenaient de nous, sauf ledit dernier ressort, et secondes appellations à notre Sénat de Sauoye pour la supériorité, à la charge toutes fois que le chastellain, ou juge, que la dite Dame Renée députera audit comté pour la première instance, seront tenus de demeurer sur le lieu, ou leurs lieutenants , et quant aux juges d' appeaux pour la féconde connaissance et appellations, voulons qu'il soit à son pouvoir, et ses successeurs de les tenir audit Comté Châteauneuf, ou en notre Ville de Belley, ou ailleurs comode aux sujets dudit comté dans nos états, lui ottroyant, et concédant, quant à cet effet, territoire, et lieu, et de les eslire à temps, ou bien durant leur vie à son bon plaisir, et en outre lui donnons, et à les successeurs audit Comté, les mêmes autorités de constituer toutes sortes d' Officiers qui sont nécessaires au dit Comté, ainsi qu'il lui semblera, pour maintenir ladite juridiction : procureurs d' office, greffiers, prévosts, soldats de justice, mestraux, et toutes sortes d' exécuteurs, et les constituer, et révoquer ainsi que bon lui semblera, et quant aux aux déclarations de peines, bans, bannissements civils, et fiscaux, escheus et advenus dès la date des présentes, et ceux, ou celles, qui pour l' avenir eschéerront à perpétuité par quelque délit, ou meffait de toute sorte que ce soit, sauf qu' il fut crime de lèze majesté divine et humaine et autre concernant notre suprême domaine, autorité, et juridiction comme dessus, et non pour autres, lui donnant aussi, et remettant toutes lesdites peines, bans, bannissements, confiscations, et émoluments qui parviendront par raison desdites première et seconde connaissances, et à ses successeurs au dit Comté de Châteauneuf, encores que lesdites amendes, peines, et confiscations sussent déclarées par autres luges que les siens, et à l' encontre toutes fois des sujets originaires, habitants et possédans bien rière sondit Comté, et pour délit commis dans le territoire d' iceluy, tout ainsi qu' en notre cousin Monsieur le Duc de Genevois, et de Nemours rière sa juridiction" (6).
Enfin dans l'érection du comté de Châteauneuf en marquisat, sous le titre de Valromey, en 1612, il est très peu fait allusion à la juridiction, car rien ne venait modifier les clauses de l'échange de 1582. En revanche il est assez précis sur les droits honorifiques :
"le dit Comté de Chasteauneuf est noble, ne mouvant que de nous, à cause de l' acquisition faite par le dit feu Roi Henry le Grand notres tres-honnoré Seigneur et Père, du pays de Bugey, et Valromey, et que de plus il est de grande étendue, et vrayement marquisat pour estre sur les marques, limites, et frontières de notre Royaume, consistant en dix-neuf, ou vingt parroisses, outre plusieurs bourgs, villages, chasteaux, fiés, arrière-fiés, terres, cens, rentes, droits seigneuriaux, et de revenu compétant. A ces causes, et autres bonnes considérations à ce nous mouvans, avons par l'advis, et prudent. Conseil de la Reyne Régente, notre très honorée Dame et Mère, et de notre certaine science, plaine puissance, et autorité Royale, iceluy comté de Chasteauneuf, créé, érigé, créons et érigeons, en titre, nom, dignité et prééminence de marquisat de Valromey, pour en jouïr pleinement, et à tousjours, en titre de marquisat, par le dit seigneur d'Urfé, et ses successeurs masles, lesquels nous voulons d'ores en avant estre dits, censés, nommés et qualifiés du titre de marquis de Valromey et qu'iceluy sieur d'Urfé se puisse nommer et qualifier tel en tous actes publics et particulier, en porter sur ses armoiries les marques avec tels et pareils droits, authorités, prérogatives, prééminences et privilèges, tant en fait de guerre, qu'assemblées de nobles […] qu'aussi la justice des dites terres soit exercée sous le titre de marquisat, et qu'il puisse faire dresser et ériger ès terres, paroisses, bourgs et lieux du dit marquisat, toutes marques et décorations qui peuvent appartenir au dit nom" (7)
Au XVIIe siècle, après le rattachement du Bugey à la France, le Valromey jouissait d'une justice indépendante vis-à-vis du bailliage de Bugey : "La justice du marquisat de Valromey s'exerce à Virieu-le-Grand ; il y a juge mage ordinaire, juge d' appel et bailli" (8)". Les appellations du juge d' appel se relevaient au présidial de Bourg, au premier chef de l' édit, et pour le surplus, au parlement de Dijon (9).
Le ressort de la justice de Valromey comprenait, dans le mandement de Rossillon, le bourg de Virieu-le-Grand et les paroisses d' Ameyzieu, Ceyzérieu, Saint-Martin-de-Bavel, Vongne et Yon, et dans le mandement de Valromey, les paroisses de Brenas, Charancin, Chemilieu, Fitignieu, Le Grand-Abergement, Hotonnes, Lilignod, Lompnieu, Passin, Petit-Abergement, Poisieu, Romagneu, Ruffieu, Saint-Maurice-de-Charancin, Songieu, Sutrieu, Luthézieu, Vieu et Virieu-le-Petit et les villages de Maconod, Méraléas, la Rivoire et Sothonod.
Les officiers du marquisat en 1718 : 1 procureur fiscal, 7 juges et procureurs, 1 commis-greffier, 1 capitaine de Châteauneuf, 1 châtelain de Virieu-le-Grand, 1 châtelain de Massignieu, 1 curial et 1 commis-curial de Châteauneuf, 1 curial de Virieu-le-Grand, 1 curial de Massignieu, 15 sergents.
Notes
(1) Philipon (Edouard), Dictionnaire topographique de l'Ain, 1911, p. 447.
(2) Guichenon (Samuel), Histoire de Bresse et de Bugey, 1650, Fiefs de Bugey, p. 112.
(3) Ibid., p. 47
(4) Ibid., p. 112
(5) Ibid., Preuves, p. 189
(6) Guichenon, Preuves, p. 191.
(7) Ibid., p. 193.
(8) Ibid., Fiefs du Bugey, p. 112.
(9) Philipon, op. cit., p. 448